ISTC : Préambule

Parlons un peu de l’IST-C (Instruction Sur le Tir de Combat), en place au sein de l’armée de Terre française.
Certaines choses sont transférables au maniement des armes dans d’autres armées, dans les forces de l’ordre ou dans le monde civil, alors que d’autres sont spécifiques et ne correspondront peut-être pas à ce que vous avez appris ailleurs.

Prenez ce qu’il y a à prendre, restez ouvert d’esprit dans le domaine du tir et gardez en tête qu’il n’existe pas une seulebonne façon de se servir d’une arme.

Concernant le cœur même du sujet : les règles de sécurité.
En tant que jeunes engagés on vous demandera de les connaître par cœur. Bien qu’il soit important d’être capable de les réciter comme une poésie d’Apollinaire, je trouve toujours dommage qu’on ne porte pas plus d’importance à la compréhension réelle des textes (valable aussi bien à l’armée que dans l’éducation nationale…).


Les règles de sécurité

Avant de commencer à travailler avec une arme, il est crucial de connaître les règles de base de la sécurité :


Règle n°1 : Une arme doit toujours être considérée comme chargée.

Il n’existe pas d’exception.
La plupart des accidents surviennent avec des armes « soi-disant » vides.
Il faut vraiment se responsabiliser là-dessus et garder en tête qu’une arme est fabriquée pour un seul but : tuer.


Règle n°2 : Ne jamais pointer — ou laisser pointer — le canon d’une arme sur quelque chose que l’on ne veut pas détruire.

L’attitude inverse provoque aujourd’hui la majorité des accidents.

Quand cette règle est enfreinte, la réponse habituelle est :

« Mais mon arme n’est pas chargée ! »

Or, toutes les armes doivent toujours être considérées comme chargées (voir règle n°1).

Je tiens à souligner le « ou laisser pointer ».
Si tu passes volontairement devant le canon de ton camarade (et que cela pouvait être évité), il ne peut pas être responsable d’avoir pointé son arme sur toi.


Règle n°3 : Garder l’index hors de la détente tant que les organes de visée ne sont pas sur l’objectif.

Un des réflexes innés de l’être humain est de crisper ses mains en situation de stress, ce qui peut provoquer un départ de coup involontaire.

De plus, le temps nécessaire pour placer l’index sur la détente est plus court que celui qu’il faut pour obtenir un guidon net.
Donc la fausse excuse du « ça va plus vite pour tirer » n’est pas fondée.


Règle n°4 : Être sûr de son objectif et de son environnement.

Toujours identifier l’objectif avant de tirer.
Prendre garde aux conséquences en cas de ricochet, de « manqué » ou de perforation.
Le tireur est responsable de chaque coup tiré.

Méthode : détecter – identifier – traiter.

Petite histoire vécue :

J'étais à mon bureau au régiment lorsque j’entends une rafale. Étonné mais vigilant (en pleine période d’attentats), je vais vérifier avec un camarade.
Confirmé : tirs au sein du régiment.
On descend à mach 2 jusqu’au PAF (Poste d’Accueil et de Filtration), situé à 30 m de notre bâtiment…

(Ton anecdote est laissée telle quelle. Elle fonctionne, elle illustre.)


Les postures de tir

Il existe trois familles de postures enseignées au sein de l’armée de Terre.
Chacune est adaptée à une situation spécifique (environnement, danger, facteurs divers).


1. Les postures de sécurité

• Posture arme dans le dos

La sangle (2 points) passe sur l’épaule faible, l’arme pend dans le dos, canon vers le bas.
Posture classique hors combat : se servir des mains, marcher, monter dans un véhicule.

• Posture arme devant (ou « relâche »)

La sangle passe en sautoir autour du cou, l’arme pend devant, canon vers le bas.
Posture de sentinelle permettant d’utiliser ses mains tout en étant prêt à agir.

• Posture arme dans la saignée du bras

Utilisée uniquement par les militaires pour les perceptions / réintégrations armurerie, ou parfois lors de cérémonies.


2. Les postures patrouille

• Patrouille basse

Main forte à hauteur de poitrine, main faible à hauteur de hanche, canon vers l’avant et le sol, index le long du fût.
Posture utilisée par les combattants en mission de recherche ou renseignement (ex : Sentinelle).

• Patrouille haute

Main forte hauteur poitrine, main faible hauteur épaule faible, arme plaquée au corps.
Utilisée en zone urbaine ou forêt pour réagir à des menaces surélevées (étages, toitures, arbres).
Peut aussi servir lors d’émeutes (crosse sous avant-bras fort pour éviter un arrachement).


3. Posture contact

Pieds écartés largeur épaules, pied faible légèrement en avant.
Genoux déverrouillés, buste légèrement penché, épaules face à l’objectif.
Arme épaulée, canon légèrement vers le bas pour dégager le champ de vision.


Les positions de tir de base

Il existe trois familles de positions IST-C : debout, intermédiaire, couché.
Plus une position est rapide à mettre en place, moins elle est précise, et inversement.


I — Position debout

La plus courante.
Tir rapide, mais précision moindre et exposition plus élevée.


II — Position 1 genou à terre

Réduit la silhouette, utile derrière un couvert (muret, rocher…).
Plus stable et précise que debout.


III — Position à genoux (2 genoux)

Idéale avec protections balistiques.
Bons appuis, précision correcte, prise de position rapide.


IV — Position accroupie

Parfaite derrière un couvert bas (voiture, fenêtre…).
Permet de jouer sur la hauteur : se lever pour tirer, redescendre pour se mettre à l’abri.


V — Position assise

Position confortable utilisée sur terrain accidenté.
Très précise.


VI — Position couchée ventrale

Position de précision maximale (tir longue distance).
Prise de position lente.


VII — Position couchée costale

Utilisée avec GPB lourds ancienne génération.
Inconfortable, lente, mais utile si le couvert est très bas (trottoir haut, bac à fleurs…).

Permet de couvrir une partie du corps tout en tirant. 

 

Catégories d’armes et régimes associés

En droit français les armes sont réparties en 4 catégories (A, B, C, D) selon leur dangerosité et leur usage. La catégorie A regroupe essentiellement les armes de guerre et certaines armes à feu très puissantes (p. ex. armes automatiques, explosifs, missiles…). Leur acquisition et détention sont interdites pour les particuliers (sauf dérogations strictes, à titre professionnel ou muséographique). La catégorie B comprend des armes soumises à autorisation (p. ex. pistolets, revolvers, certains fusils semi-automatiques). Il faut obtenir une autorisation préfectorale préalable pour acquérir ou détenir une arme B. Cette autorisation (valable 5 ans) est délivrée sous conditions (majeur, absence de condamnations graves ou problèmes psychiatriques, justification sportive ou professionnelle, etc.). La catégorie C couvre les armes soumises à déclaration (principalement les fusils de chasse et certaines carabines). L’acquisition d’une arme C se fait par simple déclaration en préfecture (via le compte SIA) sous présentation d’un permis de chasse ou d’une licence de tir sportif valide. Enfin la catégorie D regroupe de nombreuses armes en vente libre (couteaux et armes blanches, bombes lacrymogènes ≤100 ml, Taser, pistolets à blanc, carabines à air faible énergie, etc.). Tout majeur peut acheter et détenir ces armes D sans autorisation (un mineur ne peut pas en acquérir).

Règles d’acquisition et de détention

  • Catégorie A : Interdite. Les civils ne peuvent ni acquérir ni détenir d’arme A, sauf autorisation très exceptionnelle (à titre professionnel ou de collection sous contrôle). Les munitions de cette catégorie sont également prohibées pour les particuliers.

  • Catégorie B : Autorisation obligatoire. Pour acheter une arme B, il faut obtenir un permis d’acquisition et de détention (autorisation préfectorale), valable 5 ans. Ce permis est soumis à un contrôle de casier judiciaire, de santé mentale, et exige la pratique d’un sport de tir ou un motif professionnel justifié. Les détenteurs doivent s’inscrire au système d’information sur les armes (SIA). Un quota s’applique (par ex. au tir sportif on est en général limité à 6 armes B autorisées).

  • Catégorie C : Déclaration. Tout détenteur légal de permis de chasse ou licence sportive peut acquérir des armes C par simple déclaration à la préfecture (via SIA). Aucun « permis spécial » n’est requis au-delà du permis/licence, mais l’autorité vérifie la validité du titre de chasse/compétition. Il n’y a pas de quota fédéral pour les armes C détenues.

  • Catégorie D : Vente libre (sous conditions). Les armes D peuvent être achetées et détenues librement par tout majeurs. Il faut toutefois être majeur (18+). Aucun enregistrement ou permis n’est exigé pour ces acquisitions. Parmi ces armes on trouve par exemple les couteaux automatiques, aérosols lacrymogènes <100 ml, certaines armes de collection, pistolets à blanc, etc. Les munitions destinées aux armes D (ex. balles à blanc, signalisation) sont également libres de vente aux majeurs.

Transport et port d’armes

Le port (sur soi) et transport (dans un véhicule) hors domicile sont strictement réglementés selon la catégoriel. D’une manière générale, le port d’arme est interdit pour toutes les catégories (A à D), sauf cas très dérogatoires (reconstitutions historiques, etc.). Le transport exige un motif légitime. Par exemple, un permis de chasser valide vaut motif légitime pour transporter une arme C (ou certaines D) en action de chasse. De même, une licence de tir sportif en cours de validité constitue un titre de transport légitime pour les armes et munitions des catégories A, B et C (et les armes D liées au tir). Sans licence/chasse, on ne peut en principe transporter une arme catégorie B ou C sauf motif exceptionnel (compétition, certification fédérale, etc.). Pour les armes D, tout transport hors domicile sans raison valable est prohibé. En cas de contrôle, il faut toujours pouvoir justifier d’un motif (par exemple aller au stand de tir, un concours, etc.).

Règles de stockage (conservation)

La loi impose de sécuriser les armes stockées. Les détenteurs particuliers doivent respecter le principe de précaution (art. R314-2 CSI) : « prendre toute disposition pour éviter l’usage de ces armes par un tiers ». Les exigences varient par catégorie :

  • Catégories A et B : les armes, leurs éléments et leurs munitions doivent être conservés dans un coffre-fort ou une armoire forte adaptés au type et au nombre d’armes détenues. À défaut, elles peuvent être entreposées dans une pièce forte (porte blindée, ouverture grillagée). Par exemple, un particulier autorisé à posséder une arme A ou B ne peut la laisser dans un simple meuble non sécurisé.

  • Catégorie C : les armes C doivent être soit en coffre-fort/armoire forte, soit rendues inopérantes (en démontant une pièce essentielle conservée séparément), soit solidement fixées (chaîne anti-vol) dans un meuble. Les munitions de catégorie C doivent être conservées à part, hors d’accès librel. Ces dispositions ne s’appliquent pas aux armes neutralisées.

  • Catégorie D : les textes ne prévoient pas d’exigence de coffre spécifique pour la majorité des armes D. Il s’applique seulement le principe général R314-2 de vigilance. En pratique, il est conseillé de verrouiller tout matériel dangereux (p. ex. gaz lacrymo, armes air comprimé ou énergétiques) quand il n’est pas utilisé.

Acquisition et conservation des munitions

Les munitions sont soumises à leur tour à des règles : pour acheter de la munition B ou C, il faut présenter les mêmes justificatifs que pour l’arme. Ainsi, l’achat de munitions B exige l’autorisation préfectorale de l’arme. Les munitions de catégorie C (6° et 7° CSI, c’est-à-dire la plupart des calibres de chasse et de tir sportif) ne peuvent être délivrées qu’en présence du permis de chasser ou licence de tir et du récépissé de déclaration de l’arme correspondante. En revanche les munitions de catégorie D (ex. cartouches à blanc, de signalisation) sont en vente libre pour les majeurs. Des plafonds de stockage sont prévus : par exemple, on ne peut détenir plus de 1 000 cartouches par arme de catégorie B possédée légalement. Pour les armes C (6°/7°), le maximum est également de 1 000 cartouches par arme détenue (5 00 sans l’arme). Les munitions doivent toujours être conservées séparément des armes dans des conditions sécurisées (coffre, mallette fermée…).

Sources : Code de la sécurité intérieure, sites officiels (dont Service-Public.fr) et guides réglementaires à jour en date de novembre 2025. Les réglementations pouvant évoluer, ces informations sont fournies à titre indicatif et ne dispensent pas d’un contrôle sur les sources officielles du gouvernement.